DuBELLAY . vers 1550. France, mĂšre des arts, des armes et des lois. Joachim du Bellay (1515-1560), lâun des poĂštes de « la PlĂ©iade », auteur avec Ronsard de la cĂ©lĂšbre DĂ©fense et illustration de la langue française, Ă©crivit Ă Rome, oĂč il avait accompagnĂ© son oncle le cardinal,
de du Bellay. Et mon problĂšme est le suivant je ne comprend pas le sens de la derniĂšre strophe, et surtout du dernier vers celui soulignĂ©. Donc si quelqu'un qui a dĂ©jĂ Ă©tudiĂ© le texte pouvait m'Ă©clairer, ce serait sympa!France, mĂšre des arts, des armes et des lois, Tu mâas nourri longtemps du lait de ta mamelle Ores, comme un agneau qui sa nourrice appelle, Je remplis de ton nom les antres et les bois. Si tu mâas pour enfant avouĂ© quelquefois, Que ne me rĂ©ponds-tu maintenant, ĂŽ cruelle ? France, France, rĂ©ponds Ă ma triste querelle. Mais nul, sinon Ăcho, ne rĂ©pond Ă ma voix. Entre les loups cruels jâerre parmi la plaine, Je sens venir lâhiver, de qui la froide haleine Dâune tremblante horreur fait hĂ©risser ma peau. Las, tes autres agneaux nâont faute de pĂąture, Ils ne craignent le loup, le vent ni la froidure Si ne suis-je pourtant le pire du troupeau. PS si vous avez aussi des astuces pour faire le commentaire d'un poĂšme, je les prend aussi merci!
LisezFrance, mÚre des arts, des armes et des lois en Document sur YouScribe - France, mÚre des arts, des armes et des lois* A francophonie fait recette : né à Niamey en 1969Livre numérique en Actualité et débat de société
Production and distribution 2Executive Producer Les Films d'IciFrench distribution Hors ChampFull credits 4Author of original work Paul-Yves NizanDirectors of Photography Jean-Paul Aubert, Mustapha AmalScreenwriter Jean-Paul AubertNarrators Bernard Spiegel, Pierre KastTechnical detailsShort filmGenres DocumentaryProduction language FrenchProduction country FranceOriginal French-language productions UnspecifiedProduction year 1973Runtime 46 minVisa number 51523Visa issue date 13/12/1979Production formats 35mmColor type Black & WhiteAudio format Mono
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ŃÏĐ·ŃÎœĐ” citation1. France, mĂšre des arts, des armes et des lois, - Tu m'as nourri longtemps du lait de ta mamelle: - Ores, comme un agneau qui sa nourrice appelle, - Je remplis de ton nom les antres
Vingt-cinq aprĂšs lâadoption de la Convention Internationale des Droits de lâEnfant, les Etats-Unis restent lâun des trĂšs rares Etats Ă ne pas lâavoir ratifiĂ©e. Le 20 novembre 1989 Ă New York, lâAssemblĂ©e GĂ©nĂ©rale des Nations Unies adopte la Convention internationale des droits de lâenfant CIDE. Vingt-cinq ans plus tard, ce jour est devenu JournĂ©e mondiale de lâenfance en France, et la CIDE a Ă©tĂ© ratifiĂ©e par 193 Etats. Deux ne lâont pas signĂ©e, le Soudan du Sud et la Palestine, du fait de leur statut ambigu au sein de la communautĂ© internationale. Deux autres lâont seulement signĂ©e, sans la ratifier. Câest le cas de la Somalie, mais aussi des Etats-Unis, troisiĂšme pays le plus peuplĂ© au monde, et premiĂšre puissance mondiale. De quoi sâinterroger. Oui Ă la signature, non Ă la ratification Ce nâest pas pour rien si lâon distingue signature et ratification. La simple signature par un Etat ne fait pas entrer la convention dans le droit interne », explique Jacques Fierens, juriste et philosophe spĂ©cialisĂ© dans les droits de lâenfant. Autrement dit, se contenter de signer la CIDE nâoblige en aucun cas lâEtat Ă appliquer les dispositions qui y sont prĂ©vues. BenoĂźt Van Keirsbilck, directeur de DĂ©fense des Enfants International DEI, renchĂ©rit La signature est un simple engagement politique. La ratification implique la mise en Ćuvre de cette convention, en mettant en place des services, en adoptant certaines mesures, en faisant appliquer les dispositions de la convention devant les juges. » Si la signature est faite par le pouvoir exĂ©cutif, la ratification revient gĂ©nĂ©ralement au pouvoir lĂ©gislatif. Aux Etats-Unis, câest donc le rĂŽle du CongrĂšs. Les Etats Unis ont signĂ© la Convention Internationale des Droits de lâEnfant le 16 fĂ©vrier 1995, soit dĂ©jĂ cinq ans aprĂšs les 60 premiers Etats signataires. Mais la ratification ne suit pas, et par consĂ©quent, les dispositions de la CIDE nâont pas force obligatoire aux Etats-Unis. Si certains des droits de lâenfant quâelle garantit sont bafouĂ©s sur le territoire amĂ©ricain, les citoyens ne peuvent sâen prĂ©munir devant les tribunaux. La peine de mort des mineurs, obstacle Ă la ratification Certaines dispositions de la CIDE ont-elles pu dissuader les Etats-Unis de la ratifier ? On y parle pourtant de non discrimination, de droit Ă lâĂ©ducation, Ă la santĂ©, ou mĂȘme au repos et au loisir. Mais un article a en effet bien pu gĂȘner le CongrĂšs amĂ©ricain, et câest lâarticle 37 Nul enfant ne soit soumis Ă la torture ni Ă des peines ou traitements cruels, inhumains ou dĂ©gradants. Ni la peine capitale ni lâemprisonnement Ă vie sans possibilitĂ© de libĂ©ration ne doivent ĂȘtre prononcĂ©s pour les infractions commises par des personnes ĂągĂ©es de moins de dix-huit ans . Selon les juristes, cette mention de la peine de mort et de la prison Ă la perpĂ©tuitĂ© est sans aucun doute Ă lâorigine de la rĂ©ticence des Etats-Unis Ă ratifier la Convention. En 1989, annĂ©e dâadoption de la CIDE, nombre dâEtats des Etats-Unis pratiquaient encore ces deux peines radicales sur les mineurs de plus de 16 ans. Mais en 2005, la cour suprĂȘme a dĂ©noncĂ© la peine de mort des mineurs lors dâun procĂšs , souligne BenoĂźt Keirbilck La cour a mĂȘme fait rĂ©fĂ©rence Ă la Convention internationale des droits de lâenfant dans son arrĂȘt, ce qui Ă©tait assez Ă©tonnant. Mais la loi nâa pas changĂ© ; nous ne sommes pas tout Ă fait Ă lâabri dâun revirement de jurisprudence. » Aux Etats-Unis, les dĂ©cisions de la cour suprĂȘme ont toutefois une trĂšs forte portĂ©e, et ce jugement Ă©quivaut quasiment Ă lâabolition de la peine de mort sur les mineurs. MalgrĂ© cette avancĂ©e, le CongrĂšs, qui nâa pas entĂ©rinĂ© dans une loi cette dĂ©cision, nâa toujours pas ratifiĂ© la CIDE. Lors de ses deux campagnes, Barack Obama sâĂ©tait pourtant engagĂ© Ă le faire. Un excĂšs dâego des Etats-Unis ? Jacques Fierens donne une raison quâil dit plus subjective » et personnelle » Ă ce que les Etats-Unis rechignent Ă signer cette convention Ils se croient les maĂźtres du monde, et ne sont donc pas trĂšs enclins Ă ratifier les conventions internationales. Câest une maniĂšre de signifier quâils sont au-dessus de cela. » BenoĂźt Van Keirsbilck le rejoint sur ce point Les Etats-Unis nâaiment pas avoir le regard dâune instance extĂ©rieure sur leur droit interne. » Pourtant, chose paradoxale et assez inĂ©dite dans le droit international, les Etats-Unis ont ratifiĂ© deux des trois protocoles facultatifs annexes Ă la CIDE, qui traitent respectivement de lâexploitation sexuelle des enfants, de leur implication dans les conflits armĂ©s, et dâune saisine directe du ComitĂ© des droits de lâenfant. Des protocoles que mĂȘme certains Etats parties Ă la CIDE nâont toujours pas signĂ©, rappelle BenoĂźt Keirbilck, qui ajoute GĂ©nĂ©ralement, les Etats qui ratifient des protocoles facultatifs ont dĂ©jĂ signĂ© la convention originale. » Le cas des Etats-Unis apparaĂźt donc comme une raretĂ© » du droit international, conclut le juriste.
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1 Ă propos de lâessor nouveau des recherches en sciences sociales sur le sujet, voir lâĂ©tat des lieu ... 1Des amazones mythiques aux viragos des romans, de Nikita Ă Lara Croft, des hĂ©roĂŻnes de mangas aux sorciĂšres, nombreuses sont les figures fĂ©minines violentes qui peuplent lâimaginaire des productions culturelles et mĂ©diatiques. HĂ©roĂŻques ou monstrueuses, dĂ©signĂ©es parfois comme les instigatrices de la violence des hommes, elles suscitent Ă la fois lâengouement, la fascination et la rĂ©pulsion. La violence des femmes, jusquâĂ une date rĂ©cente en France1, est pourtant restĂ©e une question trĂšs peu explorĂ©e dans le champ des sciences humaines et sociales, en particulier en sociologie de la dĂ©viance et des institutions pĂ©nales. On rĂ©pugne Ă aborder le sujet, reproduisant au niveau de lâanalyse ⊠la rĂ©ticence Ă sâapprocher du corps des femmes, autre que maternel Perrot, 2002, 125. Cette formule de Michelle Perrot Ă propos des violences faites aux femmes sâapplique Ă©galement aux violences exercĂ©es par les femmes, comme si le corps des femmes Ă©tait, jusque dans les recherches, toujours associĂ© au maternel et donc au care Paperman, Laugier, 2006, Ă la sollicitude et au soin. Les femmes violentes contribuent ainsi Ă brouiller les frontiĂšres, Ă instaurer un trouble qui est bien social et non pas seulement de lâordre de lâexceptionnalitĂ© historique ou clinique. Le dĂ©fi est double. Non seulement il sâagit de sâattaquer Ă une notion â la violence â dĂ©finie par les anthropologues et les philosophes comme ce rĂ©sidu impensable, irrationnel, intolĂ©rable qui dĂ©fie les catĂ©gories de lâanalyse Lenclud, Claverie, Jamin, 1984 ; Lavergne, Perdoncin, 2010, mais il faut en plus la dĂ©cliner au fĂ©minin â alors mĂȘme que lâordre des sexes et des genres et, au-delĂ , lâordre social, fait de la violence un attribut du masculin viril. 2En proposant ce numĂ©ro spĂ©cial de Champ PĂ©nal, il sâagit par consĂ©quent dâinterroger ce couple en apparence impossible. En apparence seulement si la violence constitue un domaine rĂ©servĂ© des hommes, ils nâen ont pas pour autant le monopole. Oui, les femmes sont violentes malgrĂ© leur douce nature, affirmaient ironiquement Arlette Farge et CĂ©cile Dauphin Dauphin, Farge, 1997, 12 dans leur ouvrage pionnier De la violence et des femmes. IndĂ©niablement minoritaire en termes dâoccurrence statistique, la violence des femmes est un phĂ©nomĂšne constant. Et ceci se vĂ©rifie aussi bien Ă la pĂ©riode contemporaine que dans les Ă©poques prĂ©cĂ©dentes, et dans des aires gĂ©ographiques trĂšs variĂ©es. De la mĂȘme maniĂšre que pour Durkheim, le suicide ou le crime, loin dâĂȘtre pathologiques, sont des phĂ©nomĂšnes rĂ©guliers et dignes dâinvestigation sociologique, nous voudrions monter tout lâintĂ©rĂȘt pour les sciences sociales de penser lâaccĂšs des femmes Ă la violence. 3La violence des femmes peut ĂȘtre analysĂ©e sous des angles divers. Pour ce numĂ©ro, nous avons fait le choix de nous intĂ©resser Ă la dimension sexuĂ©e du contrĂŽle social de la violence, formalisĂ© dans des institutions lĂ©gales, non limitĂ©es aux institutions pĂ©nales institutions disciplinaires, judiciaires, para-pĂ©nales, cliniques, qui jouent Ă la fois comme des instances de reconnaissance et dâoccultation de la violence fĂ©minine. Comment, dans quels espaces et selon quelles modalitĂ©s sâexercent concrĂštement la prise en charge de la violence des femmes ? Pour rĂ©pondre Ă ces questions, il convient de se pencher sur les pratiques professionnelles, le fonctionnement des institutions de rĂ©gulation, mais aussi dâinterroger lâarticulation entre savoir et pouvoir Foucault, 1975 dans sa dimension sexuĂ©e. En quoi les catĂ©gories profanes et savantes contribuent-elles Ă rejouer les processus de diffĂ©renciation des sexes et confĂšrent Ă la violence des femmes un caractĂšre contre-nature ou privĂ© ? Ce faisant, il sâagit de poursuivre le chantier ouvert par dâautres et de contribuer Ă Ă©clairer la maniĂšre dont les sociĂ©tĂ©s vivent, pensent et imaginent la violence fĂ©minine Dauphin, Farge, 1997, 11 et de mettre au jour la dimension sexuĂ©e de lâordre et du contrĂŽle social pour mesurer, in fine, lâenjeu social et politique que revĂȘt la reconnaissance de cette violence fĂ©minine. 4Cette reconnaissance ne relativise pas celle des violences faites aux femmes, elle ne conduit pas non plus Ă proposer une symĂ©trie entre violences des et violences sur les femmes. Par ailleurs, dire que les femmes sont des ĂȘtres douĂ©s de violence nâĂ©rige pas pour autant les hommes en victimes de femmes surpuissantes, comme le prĂ©tendent les discours masculinistes et antifĂ©ministes. Se complexifie en revanche le jeu des interactions et des assignations de rĂŽle. I - LâeuphĂ©misation du phĂ©nomĂšne 5La violence fĂ©minine se prĂ©sente sous le mode dâune prĂ©sence/absence. HypertrophiĂ©e, ultravisible, elle nâen est pas moins occultĂ©e, voire dĂ©niĂ©e â les deux processus, on le verra, allant souvent de pair. Comment expliquer cette invisibilitĂ©, qui concerne aussi bien le monde social que les recherches scientifiques ? 1. La dĂ©finition de la violence une savonnette 2 Ă dĂ©faut de pouvoir nous appuyer sur une Ă©tude historique de lâapparition et de la disparition du ... 6Cette invisibilisation tient dâabord Ă la violence elle-mĂȘme. Il est convenu, dans les analyses sur la violence, de rappeler combien le terme demeure Ă la fois difficile Ă dĂ©finir et Ă dĂ©crire. Il suffit, pour sâen convaincre, de se plonger dans diffĂ©rents codes pĂ©nal, civil, code de procĂ©dure pĂ©nale2. Sur le plan pĂ©nal, la violence ne constitue pas une infraction ou une catĂ©gorie en soi comme le vol, le viol, les coups et blessures volontaires. Il sâagit surtout dâune circonstance aggravante pour qualifier une infraction, comme par exemple le vol avec violence ou dans le code civil un motif de rupture de contrat, que la violence ait eu lieu ou pas la menace de violence ». Dans les codes, le terme de violence » est le plus souvent employĂ© au pluriel et dĂ©fini par dĂ©faut dans une Ă©chelle de comportements et dâinfractions coups, ruse, intimidation, violence, torture et actes de barbarie. Il constitue une forme de mot valise qui permet aux acteurs de la chaĂźne policiĂšre et judiciaire dâenglober toute une sĂ©rie dâinfractions et dâactivitĂ©s en les qualifiant de violentes », sans quâil y ait un rĂ©pertoire de faits et gestes a priori constituĂ© de ces formes de violence. Câest en quelque sorte une case vide, laissĂ©e Ă lâapprĂ©ciation des lĂ©gislateurs, au mĂȘme titre quâune autre notion, celle de danger » article 375 du code civil. Ce constat invite Ă beaucoup de prudence Ă lâĂ©gard dâune dĂ©finition prĂ©cise dâune notion dont on voit bien quâelle a vocation Ă rester floue, y compris pour le droit. Ce qui implique, du point de vue de la recherche, de sâinterroger sur les opĂ©rations de qualifications des infractions et des actes. 7Se pose en effet un problĂšme mĂ©thodologique majeur quand on Ă©tudie la violence faut-il sâintĂ©resser uniquement au processus dâĂ©tiquetage par les acteurs de ce quâils/elles considĂšrent comme violent et non-violent, sachant que les seuils de tolĂ©rance Ă la violence diffĂšrent dâun groupe social Ă lâautre, dâune Ă©poque Ă lâautre, dâune situation Ă lâautre ? Sont-ce les chercheur-e-s en sciences sociales qui dĂ©signent tel Ă©vĂ©nement, tel fait comme violent â au risque de proposer une dĂ©finition trĂšs extensive de la violence ? En ce qui concerne lâĂ©tude des femmes, les opĂ©rations de requalification et de traduction sont trĂšs importantes car il ne sâagit pas seulement de mettre en Ă©vidence la violence fĂ©minine la plus spectaculaire, mais dâexhumer des situations de violence fĂ©minine, dĂ©niĂ©es comme telles, ou euphĂ©misĂ©es, obligeant Ă dĂ©coder les archives. Dans tous les cas, la dĂ©signation de la violence, quâelle Ă©mane des acteurs Ă©tudiĂ©s ou du discours scientifique qui produit ses propres catĂ©gories, nâest pas neutre, elle oblige Ă procĂ©der Ă une sĂ©lection dont les effets sont performatifs. 2. Le tabou fĂ©ministe de la violence des femmes 8La difficultĂ© Ă rendre compte de la violence, Ă la fois sur le plan empirique et sur le plan thĂ©orique, est redoublĂ©e par un processus dâinvisibilisation des femmes - ces fameuses silencieuses de lâHistoire » Perrot, 1998. Comme le montre lâouvrage dirigĂ© par FrĂ©dĂ©ric Chauvaud et Gilles Malandain 2009, les femmes qui passent devant la justice aux XIXe et XXe siĂšcles se trouvent dans un double bind impossibles victimes » et impossibles coupables », les femmes peinent Ă faire reconnaĂźtre comme non pathologiques ou non exceptionnelles les violences dont elles sont victimes, mais aussi les violences quâelles infligent. Indissociables, ces deux opĂ©rations tĂ©moignent de la position mineure » des femmes. 9Lâorganisation sociale repose en effet sur la mise en scĂšne matĂ©rielle et symbolique dâune bipolaritĂ© qui distribue tĂąches et stĂ©rĂ©otypes, opposant nature/culture, espace privĂ©/espace public, donner la vie/donner la mort, force/faiblesse, virilitĂ©/fĂ©minitĂ©, sexe masculin/sexe fĂ©minin Ortner, 1998 ; HĂ©ritier, 1996. Cette division sexuelle des rĂŽles, des stĂ©rĂ©otypes et des symboles confine le groupe des femmes Ă ĂȘtre des agents de pacification des mĆurs et non des guerriĂšres â ou plus exactement Ă se voir interdire les armes les plus sophistiquĂ©es. Tel est le principe mis au jour par lâanthropologue Paola Tabet qui a enquĂȘtĂ© sur les rĂšgles de rĂ©partition des outils et a constatĂ© un gap technologique entre les sexes Tabet, 1979, 10. Il va sans dire que ces usages se dĂ©clinent de maniĂšre trĂšs variable et que les systĂšmes de distribution, tout en Ă©tant Ă©minemment sexuĂ©s, prĂ©voient des exceptions. Il existe bel et bien des femmes Ă cĆur dâhomme HĂ©ritier, 1996, qui jettent le trouble et dĂ©placent les normes, jusquâĂ Ă©roder les fondements mĂȘmes du principe de monopole masculin des armes Pruvost, 2008. 10Du point de vue chronologique, lâĂ©tude scientifique de lâappropriation par les femmes du pouvoir de violence sâest faite aprĂšs la mise en Ă©vidence des violences faites aux femmes, et ce, pour des raisons stratĂ©giques. Les Ă©tudes sur les genres, liĂ©es au mouvement de libĂ©ration des femmes, ont obĂ©i Ă la logique de lâurgence politique de changement des lois et des pratiques il Ă©tait impĂ©ratif de rendre visible lâoppression, structurelle, matĂ©rielle et physique, imprimĂ©e sur le corps mĂȘme des femmes. Le recensement des actes concrets dont sont victimes les femmes constitue un enjeu majeur de reconnaissance du phĂ©nomĂšne comme fait social Jaspard et alii, 2003 car en la matiĂšre, il peut y avoir trois pas en avant et deux pas en arriĂšre Chetcuti et alii, 2007. Il Ă©tait crucial que les violences faites aux femmes deviennent un problĂšme public Gusfield, 2009. Elles sont dĂ©sormais entrĂ©es dans lâagenda politique et lĂ©gislatif. La table des matiĂšres du dernier code pĂ©nal en tĂ©moigne une entrĂ©e Ă part entiĂšre est rĂ©servĂ©e aux violences faites aux femmes cf. le DĂ©cret n°2010-671 du 18 juin 2010 - art. 2. Le phĂ©nomĂšne est dĂ©sormais sexuĂ© les femmes sont dĂ©signĂ©es en tant que telles comme victimes de la violence dans le code de procĂ©dure pĂ©nale, civil et pĂ©nal. 3 Il faut noter quâune troisiĂšme victime » de violence est nommĂ©ment citĂ©e, il sâagit des agents d ... 11Ainsi, alors mĂȘme que les codes français restent flous, comme on lâa vu, quant Ă la caractĂ©risation des violences et des auteurs de ces mĂȘmes violences, les contours des victimes potentielles de ces violences sont en revanche plus prĂ©cis. Le relevĂ© systĂ©matique des usages du terme de violence » dans les codes rĂ©vĂšle que les femmes et les mineurs constituent les deux catĂ©gories de victimes principales associĂ©es au terme de violence »3. Cette inscription dans le droit traduit plus largement lâassociation paradigmatique entre la catĂ©gorie femme » et la catĂ©gorie de victime », mais aussi entre femme » et non-violence ». 4 Butler, 2005. 12Dans un tel cadre, la mise en Ă©vidence de lâhĂ©tĂ©rogĂ©nĂ©itĂ© du groupe des femmes et notamment de la participation des femmes Ă la violence est pĂ©rilleuse sur le plan politique et peut conduire, pour des questions de rationalitĂ© politique, Ă une forme dâessentialisation4 Butler, 2005. De fait, rares sont les fĂ©ministes comme la philosophe Marie-Jo Dhavernas Ă mettre en lumiĂšre, Ă lâĂ©poque du Mouvement de LibĂ©ration des Femmes, la participation implicite des fĂ©ministes au mythe de la non-violence fĂ©minine. Il me semble, que lâĂ©vitement du problĂšme provient en grande partie dâun implicite du Mouvement [de LibĂ©ration des Femmes], toutes tendances confondues, qui, au nom de la critique de la violence, cautionne le mythe de la non-violence des femmes que celle-ci vienne de la biologie, de lâinconscient ou de la culture, peu importe en lâoccurrence. On a entendu dire, hors du Mouvement mais parfois aussi dans le Mouvement, que le "sexe qui donne la vie ne peut pas vouloir donner la mort", ce qui est faire bon marchĂ© de lâambivalence de lâamour notamment maternel ou parental et oublier que donner la vie, câest aussi, par dĂ©finition, donner la mort puisque sâil y a mort absolue, il nây a pas de vie qui ne contienne de la mort. [âŠ] Par ailleurs, le fait mĂȘme que les femmes puissent avoir quelque chose Ă voir avec la violence, dans un autre espace que celle de victime, apparaĂźt souvent comme presque sacrilĂšge [âŠ], il contrevient Ă lâimage de la femme douce et pire, de la Bonne MĂšre et dĂ©range lâordre dichotomique de la sociĂ©tĂ© Dhavernas, 1981. 5 Cf. supra notre Ă©tat des lieux bibliographique. 13Mais le point de vue de Marie-Jo Dhavernas est restĂ© isolĂ© au sein du MLF comme de la scĂšne acadĂ©mique. Les Ă©tudes sur les genres ont suivi lâagenda militant en sâintĂ©ressant dâabord aux violences faites aux femmes et Ă la domination masculine avant de trouver un intĂ©rĂȘt scientifique Ă la violence des femmes. Lâouvrage dirigĂ© par A. Farge et C. Dauphin, sâil est prĂ©cĂ©dĂ© de recherches historiques monographiques5 est le premier Ă oser rĂ©unir des travaux portant Ă la fois sur les violences faites aux femmes et les violences exercĂ©es par les femmes. Le titre de lâouvrage De la violence et des femmes, 1997 est Ă la mesure de cette double ambition. Ce projet ne sâest cependant pas fait sans mal. Voici comment lâanthropologue Marie-Ălisabeth Handman retrace le projet de recherche collectif qui est Ă lâorigine du livre Je me souviens avoir mis un an et demi Ă dĂ©cider les historiennes fĂ©ministes, tenant sĂ©minaire Ă lâEHESS dont certaines avaient participĂ© Ă lâouvrage dirigĂ© par G. Duby et M. Perrot, Histoire des femmes [âŠ], Ă travailler sur la violence des femmes. Elles craignaient que celle-ci ne soient, une fois de plus, stigmatisĂ©es ; or, il me paraĂźt nĂ©cessaire de dire que les femmes ne sont pas moins violentes que les hommes ; simplement les causes de leurs violences et les formes quâelles empruntent sont le plus souvent diffĂ©rentes de celles des hommes et sâinscrivent dans les marges que leur laissent les hommes pour les exercer Handman, 2003, 73. 14De fait, lâouvrage Ă sa sortie, nâa pas Ă©tĂ© plĂ©biscitĂ© par la communautĂ© des historien-ne-s et plus largement des sciences humaines. 6 CĂ©cile Prieur La justice est plus clĂ©mente envers les femmes quâenvers les hommes », Le Monde, 2 ... 15Sur une tout autre scĂšne, celle des mĂ©dias nationaux, il est intĂ©ressant de noter la rĂ©ception faite Ă lâĂ©tude sociodĂ©mographique de France-Line Mary sur les femmes et la justice pĂ©nale 1996a et b. Dans les mois qui ont suivi la parution de ses rĂ©sultats, plusieurs articles de journaux en avaient conclu Ă une justice pĂ©nale plus clĂ©mente Ă lâĂ©gard des femmes » et dĂ©nonçaient ce phĂ©nomĂšne6. Lâauteure raconte quâaprĂšs la mĂ©diatisation parfois erronĂ©e ou en tout cas caricaturĂ©e de son travail, certaines chercheuses lui ont reprochĂ© dâentacher la cause des femmes. 16Le fĂ©minisme dâEtat, Ă la fois issu et critiquĂ© par le Mouvement de LibĂ©ration des Femmes, semble Ă premiĂšre vue occuper une position de surplomb par rapport aux dĂ©bats fĂ©ministes sur la non-violence des femmes. Les diverses secrĂ©taires et ministres Ă la condition fĂ©minine, aux droits de la » puis des » femmes tranchent en posant lâĂ©galitĂ© professionnelle des hommes et des femmes comme un droit valant thĂ©oriquement pour tous les corps de mĂ©tier LĂ©vy, 1988 ; Bride Stetson, Mazur, 1995 les mĂ©tiers dâarme nâĂ©chappent pas Ă la rĂšgle de la fĂ©minisation des mĂ©tiers dâhommes, dâautant quâune partie dâentre eux relĂšve de la fonction publique. Le fĂ©minisme dâĂtat se trouve ainsi Ă mener de front deux chantiers tout au long des annĂ©es 1970 et des annĂ©es 1980 la fĂ©minisation de lâarmĂ©e, de la police, de lâadministration pĂ©nitentiaire et des douanes dâune part, la lutte contre les violences faites aux femmes, dâautre part. AprĂšs avoir obtenu la fĂ©minisation de lâensemble des grades, la levĂ©e des quotas discriminants pour les femmes dans les mĂ©tiers qui avaient nĂ©gociĂ© un rĂ©gime dâexception, les fĂ©ministes dâĂtat se sont dĂ©sintĂ©ressĂ©es des inĂ©galitĂ©s persistantes Pruvost, 2008. La lenteur du processus de fĂ©minisation dans ces mĂ©tiers dâarmes est cependant emblĂ©matique de la difficultĂ© Ă lever ces monopoles masculins. La permanence de coutumes bloquant ou restreignant lâaccĂšs des femmes aux brigades les plus outillĂ©es en armes sophistiquĂ©es et les plus exposĂ©es Ă la violence traduisent en outre la persistance des stĂ©rĂ©otypes de sexe et la transgression que constitue lâofficialisation de la prĂ©sence des femmes dans ces secteurs. Il est implicite que les femmes recrutĂ©es dans les mĂ©tiers dâordre doivent rester minoritaires Pruvost, 2007. LâĂ©galitĂ© recherchĂ©e par le fĂ©minisme dâĂtat est plus formelle que rĂ©elle. 17Ainsi peut-on dire que la participation des femmes Ă la violence constitue un objet embarrassant pour le mouvement fĂ©ministe, Ă la fois sur le plan militant et scientifique. Il faut dire que la reconnaissance du phĂ©nomĂšne est Ă haut risque dĂ©clarer les femmes du cĂŽtĂ© de la non-violence, câest redoubler lâinterdit qui leur est fait de revendiquer la violence comme ressource propre, câest accentuer leur marginalitĂ© politique au dĂ©triment dâautres groupes dominants les colonisĂ©s, par exemple pour lesquels la ressource de la violence est lĂ©gitimĂ©e, câest aussi jouer le jeu de lâessentialisme qui place les femmes du cĂŽtĂ© dâun pacifisme intemporel et intangible. Mais dans le mĂȘme temps, reconnaĂźtre lâusage de la violence par les femmes comme possible et souhaitable, câest postuler que lâaccĂšs Ă la violence est un progrĂšs social, câest valider lâidĂ©e dâun alignement des femmes sur les stĂ©rĂ©otypes masculins, et non lâinverse, câest poser comme horizon lâindissolubilitĂ© de la citoyennetĂ© et de la violence, et par lĂ renoncer Ă lâutopie de la non-violence. Autant dire que le malaise, suscitĂ© par ce double-bind, est loin dâĂȘtre dissipĂ©. 3. Le sous-enregistrement des actes de la violence des femmes 7 En 2004, selon lâobservatoire national de la dĂ©linquance, on compte, parmi les personnes mises en ... 8 Parmi les personnes condamnĂ©es en 2008, on comptait 60 216 femmes contre 577 449 hommes, soit un t ... 9 Selon les statistiques fournis par le ministĂšre de la Justice, au 1er septembre 2010, on comptait ... 18Faire du fĂ©minisme militant et acadĂ©mique le principal obstacle Ă lâĂ©mergence de la violence des femmes comme objet dâĂ©tude serait toutefois partial et erronĂ©. Si les femmes violentes ont longtemps Ă©tĂ© Ă©cartĂ©es du champ des recherches, câest en premier lieu en raison des difficultĂ©s du monde scientifique, en France notamment, Ă accorder une lĂ©gitimitĂ© aux Ă©tudes de genre en tant que telle. Dans ce processus dâoccultation, il faut prendre en compte la raretĂ© numĂ©rique des violences fĂ©minines. RaretĂ© quâil convient dâinterroger en mettant en Ă©vidence lâeffet dâaveuglement que produit lâĂ©vidence statistique Ă toutes les Ă©tapes du processus pĂ©nal, les femmes, quel que soit leur Ăąge, constituent une trĂšs nette minoritĂ©, validant ainsi les stĂ©rĂ©otypes de sexe autour de la violence comme propriĂ©tĂ© masculine. Les femmes reprĂ©sentent aujourdâhui en France 16% des individus mis en cause par la police7 et la gendarmerie, 9% des individus traduits en justice8 et 3,4% des personnes incarcĂ©rĂ©es9. Cette nette dissymĂ©trie entre les sexes, alors mĂȘme quâelle reflĂšte la dimension sexuĂ©e du contrĂŽle et de la rĂ©gulation sociale a rarement Ă©tĂ© Ă©tudiĂ©e en France et la violence des femmes son traitement comme son actualisation a Ă©tĂ© occultĂ©e â lĂ oĂč dâautres travaux ont pu interroger la perception et les modes de sanction de la violence des hommes Mucchielli, 2007. Cela tient Ă©galement Ă une acception restrictive de la notion de contrĂŽle social, rĂ©duite Ă la rĂ©action pĂ©nale Cardi, 2008, 2007a et b ; Laberge, 1992. En interrogeant essentiellement lâexpĂ©rience masculine de la dĂ©viance, les Ă©tudes sur la rĂ©action sociale » se sont le plus souvent centrĂ©es sur les sphĂšres carcĂ©rales et pĂ©nales. Et inversement en considĂ©rant exclusivement ces espaces, les chercheurs ont contribuĂ© Ă Ă©carter la question de la dĂ©viance des femmes. 19Travailler sur la violence des femmes implique alors de se doter dâoutils mĂ©thodologiques pour apprĂ©hender le phĂ©nomĂšne. Une analyse critique des sources et des instances dâĂ©tiquetage de la violence et de la non-violence sâimpose. Il sâagit tout dâabord de rappeler le sous-enregistrement de ces violences par les instances du contrĂŽle social, habilitĂ©es Ă comptabiliser ce type dâacte police, justice, travail social, prison et de montrer ensuite que lâinvisibilisation est entretenue par une prise en charge des femmes diffĂ©renciĂ©e de celle des hommes, sous dâautres appellations, entretenant dĂšs lors une dissymĂ©trie entre les sexes Cardi, 2008. 20Ce travail en cours de recensement alternatif des violences fĂ©minines ne conduit cependant pas Ă Ă©tablir une paritĂ© numĂ©rique. La dissymĂ©trie demeure. Comment la qualifier ? Faut-il dĂšs lors poser la violence des femmes en termes dâĂ©galitĂ©/inĂ©galitĂ©, de retard/rattrapage, de phĂ©nomĂšne mineur/majeur ? Un tel vocabulaire suppose un horizon social dans lequel la violence serait sexuellement indiffĂ©renciĂ©e. Spectre redoutĂ© qui sâest traduit de facto par la mise Ă lâĂ©cart de cet objet sale », par crainte dâun mĂ©susage politique des recherches scientifiques pointant la fĂ©minisation des groupes revendiquant lâusage de la violence. 21Penser la violence des femmes oblige en tout cas Ă ne pas uniquement sâintĂ©resser Ă la seule participation des femmes Ă des formes de violences rĂ©pertoriĂ©es, mais Ă mettre aussi lâaccent sur des formes plus discrĂštes, plus microscopiques de violence Handman, 1995 â obligeant ici Ă mettre en Ă©vidence la variĂ©tĂ© des formes de la violence empruntĂ©e par les femmes. En ce sens, le gap » matĂ©riel et cognitif entre les hommes et les femmes en matiĂšre dâusage des armes Tabet, 1979, nâimplique pas que ces derniĂšres ne font pas usage des objets quâelles ont Ă leur disposition. Ă trop mettre lâaccent sur la diffĂ©rence dâaccĂšs aux outils et aux armes les plus Ă©laborĂ©s, on peut en oublier que la violence peut emprunter dâautres voies. 22Ainsi, pour comprendre la violence des femmes, comme pour comprendre le contrĂŽle social qui leur est rĂ©servĂ©, il est important de ne pas se cantonner aux lieux les plus visibles de circulation de la violence, comme les guerres, les monopoles de la violence lĂ©gitime ou les institutions pĂ©nales qui sanctionnent les formes les plus visibles de la violence Cardi, 2008. Affirmer que les femmes sont moins violentes parce que moins prĂ©sentes en prison ne suffit pas. Il convient de renverser la question et de se demander si les femmes violentes ne sont pas en prison, oĂč sont-elles ? Il faut alors aller regarder du cĂŽtĂ© de la protection sociale, dans la mesure oĂč la violence des femmes peut se loger au cĆur mĂȘme des institutions du care. Cela conduit Ă revisiter ces lieux de protection sociale qui semblent garantir des formes douces de socialisation et Ă mettre en Ă©vidence la violence qui peut dĂ©couler de certaines formes de protection sociale Cardi, 2008. Il sâagit ainsi de rĂ©interroger les frontiĂšres du public et du privĂ© qui fondent bien souvent les typologies de la violence la violence qui a lieu en privĂ©, doit-elle pour autant ĂȘtre dĂ©politisĂ©e ? 23Si travailler sur la violence des femmes, câest avant tout exhumer de nouvelles sources, procĂ©der Ă une relecture des archives, changer de perspective pour rendre visible lâinvisible, câest aussi travailler sur lâenvers de ce processus dâoccultation. II - Les mises en rĂ©cit typiques entre rĂ©duction et extension du domaine de la lutte 24Lâun des moyens de prĂ©server la distinction entre les sexes, puisque tel est lâun des ressorts de lâinvisibilisation des femmes violentes par les institutions du contrĂŽle social, peut ĂȘtre Ă lâinverse de rĂ©duire la focale Ă quelques cas spectaculaires, en associant la violence fĂ©minine Ă des figures, significativement dotĂ©es dâun prĂ©nom, dâun nom propre qui les particularisent, et Ă un rĂ©pertoire dâaction typiquement fĂ©minin sans dĂ©cliner la variĂ©tĂ© des classifications qui traversent les Ă©poques et des mondes sociaux, on se contentera de citer lâinfanticide, le crime passionnel, lâempoisonnement, lâavortement. Ces crimes seraient le domaine rĂ©servĂ© des femmes. Parce quâils sont liĂ©s Ă la scĂšne domestique et conjugale, ils ne contreviennent pas aux stĂ©rĂ©otypes de sexe. 25Du cĂŽtĂ© des violences politiques, les femmes seraient plutĂŽt une force dâappoint plus ou moins spontanĂ©e, des Ă©meutiĂšres de la faim sâĂ©levant contre la vie chĂšre ou des mĂšres et Ă©pouses endeuillĂ©es qui manifestent contre la tyrannie dâun pouvoir qui enferme et tue leurs » hommes. Ces figures correspondent Ă©galement Ă la division sexuelle du travail qui confĂšre aux femmes la fonction de nourriciĂšres et de protectrices, et en ce sens, elles ne perturbent pas non plus lâordre des sexes. Autre forme de catĂ©gorisation qui permet dâĂ©viter toute confusion entre les rĂŽles de sexe aux garçons, les atteintes Ă lâordre public, les rixes et aux filles, la violence retournĂ©e contre soi, avec les tentatives de suicide, lâanorexie, lâhystĂ©rie. Ces classifications tĂ©moignent de lâĂ©tat des rapports sociaux de sexe, de ce qui est tolĂ©rable en matiĂšre de violences fĂ©minines Ă une Ă©poque donnĂ©e. Prise isolĂ©ment, chaque interprĂ©tation opĂšre une rĂ©duction de lâapprĂ©hension de la diversitĂ© des femmes et des causes de la violence fĂ©minine. 26Notre projet ici est de proposer un recensement des mises en rĂ©cit typiques qui traversent le monde social discours scientifique inclus et qui permettent de donner un sens Ă lâirruption de la violence fĂ©minine. On en a dĂ©nombrĂ© huit, Ă commencer par le cas spĂ©cifique du non-rĂ©cit, que Goffman appellerait le hors-cadre » Goffman, 1974 et qui peut conduire certains Ă©vĂ©nements impensables comme la violence des femmes Ă ne pas ĂȘtre reconnus comme Ă©vĂ©nement au moment de leur survenue. Minoration, sous-enregistrement, occultation, dĂ©ni constituent le premier rĂ©cit en creux de la violence des femmes. Les sept autres rĂ©cits que nous avons relevĂ©s reconnaissent la violence des femmes. 27Le deuxiĂšme rĂ©cit que nous avons relevĂ©reconnaĂźt Ă lâinverse la violence des femmes et propose une interprĂ©tation biologique du phĂ©nomĂšne, liĂ©e Ă la nature » fĂ©minine. InvoquĂ©e Ă charge ou Ă dĂ©charge, la violence des femmes est soit expliquĂ©e par la nature excessive et impulsive propre aux femmes ou Ă certaines femmes diabolisĂ©es, soit par lâargument inverse de la dĂ©naturation les femmes par nature douce seraient corrompues par la violence qui serait ici le symptĂŽme dâun manque ou dâun trop de fĂ©minitĂ©, en somme dâune nature dĂ©rĂ©glĂ©e. Câest ainsi que les criminologues, en particulier au XIXe siĂšcle, ont fait de la criminalitĂ© des femmes un mal de mĂšre », stipulant non seulement une diffĂ©rence de nature entre hommes et femmes, mais aussi entre les femmes, les criminelles et les normales ». Pour Cesare Lombroso 1896 par exemple, si les femmes sont, par nature, plus cruelles et immorales que les hommes, leur folie morale » serait partiellement anĂ©antie par la pudeur et lâinstinct maternel qui leur seraient propres â ce qui se manifesterait par leur moindre participation Ă la criminalitĂ© et leur plus grande religiositĂ©. Si malgrĂ© tant dâobstacles, une femme commet des crimes, câest une preuve que sa perversitĂ© est Ă©norme puisquâelle est parvenue Ă renverser tous les empĂȘchements Lombroso, 1896, 361. La plupart des femmes criminelles le seraient ainsi par occasion » ou par passion ». Chez ces derniĂšres, la pudeur et lâinstinct maternel demeurent elles passent Ă lâacte du fait dâune situation de misĂšre ou sous lâinfluence dâun homme. On y trouve toutefois, selon les deux criminologues italiens, les signes dâune certaine virilitĂ©. Pour exemple, les criminelles par occasion prĂ©sentent un goĂ»t pour les armes, un caractĂšre fier, Ă©nergique et rĂ©solu, elles peuvent avoir des passions politiques et une grande tendance et presque du plaisir Ă sâhabiller en homme Lombroso, 1896, 406. Les criminelles-nĂ©es » ou les prostituĂ©es-nĂ©es », sont, quant Ă elles, des femmes dĂ©naturĂ©es elles prĂ©sentent Ă la fois les signes dâune fĂ©minitĂ© hypertrophiĂ©e par exemple, cruautĂ© raffinĂ©e par vengeance, extra-sensibilitĂ© chez la prostituĂ©e-nĂ©e et certains attributs de la virilitĂ©, quand ils sont associĂ©s aux peuples primitifs » Ă propos des criminelles nĂ©es » et de leur sexualitĂ© exagĂ©rĂ©e », on peut lire Cet Ă©rotisme exagĂ©rĂ©, anormal pour la femme ordinaire devient pour beaucoup le point de dĂ©part de leur vices et de leurs crimes ; et contribue Ă en faire des ĂȘtres insociables, ne cherchant quâĂ satisfaire leurs violents dĂ©sirs, comme ces luxurieux barbares chez qui la civilisation et le besoin nâont pas encore disciplinĂ© la sexualitĂ© Lombroso, 1896, 361. Ce type dâexplication biologisante a largement Ă©tĂ© mis en cause par les criminologues eux-mĂȘmes. Toutefois, des Ă©tudes encore relativement rĂ©centes, en particulier sur la dĂ©linquance et la violence des filles, Ă©tablissent des corrĂ©lations entre prĂ©cocitĂ© des menstruations et propension Ă commettre des illĂ©galismes. 28Un troisiĂšme type de rĂ©cit consiste Ă psychologiser la violence des femmes et dans le mĂȘme temps Ă lâindividualiser et Ă la privatiser. Dans ce cas, soit on renvoie la violence Ă une psychologie fĂ©minine spĂ©cifique, soit on lâinscrit dans une histoire purement familiale qui lui donnerait sens â la violence est alors le symptĂŽme dâun mal-ĂȘtre profondĂ©ment individuel. Dans ce cas, il est moins question de violence que de marginalitĂ© » ou de symptĂŽme psychique » â la violence dĂ©signant avant tout un rapport Ă soi avant dâĂȘtre perçue comme un rapport aux autres et si les femmes sont perçues comme dangereuses, câest avant tout pour elles-mĂȘmes Cardi, 2008. Ce type dâinterprĂ©tation conduit Ă lâinvisibilisation de la violence des femmes dont on parlait prĂ©cĂ©demment. En prison par exemple, les suicides et automutilations des dĂ©tenues ne sont jamais considĂ©rĂ©s comme des modes de rĂ©sistance Ă lâordre carcĂ©ral. Devant la justice des mineurs, les actes violents de filles criminalisĂ©es sont interprĂ©tĂ©s Ă travers les catĂ©gories de la psychologie et contribuent Ă faire disparaĂźtre les filles des statistiques judicaires pĂ©nales. 29LâinterprĂ©tation culturaliste offre un quatriĂšme rĂ©cit de la violence des femmes, perçue alors comme lâidiosyncrasie dâun groupe avec ses rituels et sa culture propres. Cette interprĂ©tation repose souvent sur un regard ethnocentrique, visant Ă dĂ©grader un autre groupe social, jugĂ© infĂ©rieur, en qualifiant comme violent un phĂ©nomĂšne exogĂšne qui nâest pas toujours qualifiĂ© de la sorte par les groupes Ă©tudiĂ©s. On peut intĂ©grer dans ce type dâinterprĂ©tation le sort fait au XIXe siĂšcle Ă la femme populaire rebelle » et Ă lâhomme ouvrier, qui ont Ă©tĂ© considĂ©rĂ©s comme moins civilisĂ©s, moins Ă©duquĂ©s et donc dangereux en tant que classe aux yeux des classes supĂ©rieures Perrot, 1979 ; Scott, 1990. De la mĂȘme maniĂšre, les femmes noires esclaves sont caricaturĂ©es en femmes viriles et brutales, en mĂšres monstrueuses, en vue dâasseoir par voie de comparaison la suprĂ©matie des femmes blanches, mĂšres dâune race supĂ©rieure Dorlin, 2006. 30Un cinquiĂšme type de mise en rĂ©cit consiste Ă penser la violence des femmes Ă lâintĂ©rieur du cadre de la domination masculine. Il sâagit dâune violence subordonnĂ©e Ă la violence des hommes qui restent considĂ©rĂ©s comme les vĂ©ritables bras armĂ©s de la violence ou les plus dangereux, tandis que les femmes seraient plus inoffensives ou useraient des armes du faible. Dans ce cadre dâanalyse, tantĂŽt les femmes perdent leur statut de sujet violent. Elles sont dĂ©responsabilisĂ©es, et passent mĂȘme du statut de bourreau mineur Ă celui de victime. TantĂŽt au contraire, elles prennent la figure de la manipulatrice Ă lâorigine des violences infligĂ©es. Il sâagit alors dâune violence dĂ©lĂ©guĂ©e, et non autonome. Dans tous les cas, les femmes nâaccĂšdent pas au statut de sujet Ă part entiĂšre, susceptible de revendiquer la pleine possession et maĂźtrise des fins et des moyens de leurs actes. 31Le sixiĂšme type de rĂ©cit dĂ©coule du prĂ©cĂ©dent la violence des femmes est reconnue comme un acte politique, mais comme une exception qui confirme la rĂšgle, soit parce que le cas est isolĂ©, soit parce quâil sâagit dâun groupe trĂšs minoritaire, soit parce que cet accĂšs Ă la violence est provisoire, le temps dâune crise. La prĂ©sence des femmes dans les violences est alors soit hĂ©roĂŻsĂ©e dans le but de cĂ©lĂ©brer des figures exemplaires qui sâĂ©lĂšvent au-dessus de leur sexe, soit Ă©rigĂ©e en indice dâune dissolution de lâordre social, comme on a pu le dire au moment de la RĂ©volution française Godineau, 1996 ou encore aujourdâhui sur la dĂ©linquance des filles, lorsque lâon met en scĂšne leur cruautĂ© pour appuyer un discours sĂ©curitaire de retour Ă lâordre social. Le retour Ă lâordre passe alors par un retour Ă lâordre des sexes. Ainsi sont communĂ©ment traitĂ©es les femmes en armes, comme des parenthĂšses, des enclaves dans des territoires masculins, avec dans la plupart des cas, la re-crĂ©ation dâune division sexuelle du travail violent. Cette conception que lâon pourrait qualifier de carnavalesqueBakhtine, 1965 tend finalement Ă faire de ces transgressions des non-Ă©vĂ©nements, puisquâelles nâentraĂźnent pas le reste des femmes dans ce sillon. Au nom de lâuniversalitĂ© de la domination masculine, toutes celles et tous ceux pour qui cette expĂ©rience va ouvrir une brĂšche sont alors mis de cĂŽtĂ©. 32SeptiĂšme rĂ©cit, lâaccĂšs des femmes au pouvoir de la violence peut ĂȘtre identifiĂ© comme le signe tangible de lâĂ©mancipation des femmes et dâune indiffĂ©renciation possible. LâaccĂšs de toutes les femmes et non seulement quelques exceptions Ă la violence lĂ©gale et illĂ©gale peut ĂȘtre interprĂ©tĂ© a minima comme lâappropriation dâun pouvoir qui confĂšre une citoyennetĂ© Ă part entiĂšre, du point de vue de la stricte Ă©galitĂ© des sexes Pruvost, 2008. Ce phĂ©nomĂšne peut a maxima consacrer, dans certains cas, lâavĂšnement de la dĂ©mocratie et de communes libres. LâaccĂšs des femmes au pouvoir de violence ne conduit en tout cas pas nĂ©cessairement et mĂ©caniquement, en tant que tel, Ă la plus grande dĂ©mocratisation du fonctionnement interne et des pratiques des groupes armĂ©s. Si les femmes alignent leurs pratiques sur celles du groupe viril quâelles intĂšgrent, leur prĂ©sence permet seulement de contribuer au processus dâĂ©galitĂ© des sexes, sans transformer vĂ©ritablement le rapport de force entre les groupes dotĂ©s du pouvoir des armes et ceux qui en sont dĂ©pourvus Pruvost, 2008. LâidĂ©e du caractĂšre caduc de la diffĂ©rence de sexe sur le plan du droit, des pratiques et parfois des corps constitue le principe qui sous-tend cette mise en rĂ©cit. 33HuitiĂšme mise en rĂ©cit possible la violence des femmes dessine un horizon peuplĂ© dâAmazones qui inversent la domination masculine pour faire accĂ©der les femmes Ă une sociĂ©tĂ© matriarcale dans laquelle les femmes ont pris durablement le pouvoir sur les hommes. Fantasmatique, ce type dâorganisation sociale nâa pas encore Ă©tĂ© recensĂ© Ă ce point dâaboutissement dans les sociĂ©tĂ©s connues HĂ©ritier, 1996. Il sâagit surtout dâun discours. Lâimagination dâun monde dans lequel les femmes auraient gagnĂ© la guerre des sexes donne lieu Ă deux conclusions opposĂ©es, lâune crĂ©pusculaire sur la fin de la civilisation, lâautre enchantĂ©e, sur une sociĂ©tĂ© de femmes, libĂ©rĂ© de lâhĂ©tĂ©rosexisme. 34Il va sans dire que ces rĂ©cits typiques ne sont pas exclusifs lâun de lâautre, que les auteurs citĂ©s pour chaque mise en rĂ©cit se trouvent tantĂŽt dans la position de dĂ©nonciation, tantĂŽt de description scientifique, tantĂŽt de participation intellectuelle Ă ce mĂȘme rĂ©cit et quâil ne sâagit pas ici de faire un recensement exhaustif des Ă©pigones de chaque posture, ni de quantifier la part de chacun de ces rĂ©cits, encore moins de les inscrire dans une chronologie. On retiendra de cette typologie, partielle et partiale, que discours profanes et discours savants peuvent ĂȘtre confondus, quâils sont prolifĂ©rants, et rĂ©ductibles Ă deux tendances opposĂ©es les rĂ©cits tantĂŽt discrĂ©ditent, tantĂŽt valorisent la violence des femmes. ĂpiphĂ©nomĂšne, Ă©vĂ©nement subordonnĂ© ou symptĂŽme imparable, transgression majeure, lâoccurrence de la violence fĂ©minine, quand elle est reconnue, oblige en tout cas Ă prendre position. III - Le contrĂŽle social des femmes violentes 35Quel sens est donnĂ© par les institutions du contrĂŽle social Ă la violence des femmes ? Quelles sont les sanctions quâelles encourent ? En quoi ces femmes perturbent-elles les rapports sociaux de sexe ? Quels sont les problĂšmes mĂ©thodologiques que rencontrent les chercheur-e-s qui travaillent sur la violence des femmes ? Telles sont les interrogations auxquelles permettent de rĂ©pondre les contributions rĂ©unies dans ce dossier. 36Une partie des articles pointe tout dâabord la propension des institutions du contrĂŽle social Ă nier la violence des femmes en tant que telle. Câest en particulier le cas pour lâinceste au XIXe siĂšcle comme le souligne Fabienne Giuliani, le phĂ©nomĂšne incestueux est, depuis cette Ă©poque, intrinsĂšquement associĂ© Ă la gestuelle masculine. Et lâauteure dâhistoriciser cette masculinisation de la figure de lâincestueux, inscrite Ă la fois dans le code pĂ©nal et les discours philanthropiques qui se focalisent sur le pĂšre ouvrier, alcoolique et violent, perçu comme lâacteur unique de lâinceste et de la dĂ©chĂ©ance morale de son foyer ». La figure de la mĂšre auteure dâagression sexuelle sur son enfant reste de lâordre de lâimpensable. Les arts de lâĂ©poque suivent ce mouvement en prĂ©fĂ©rant mettre en scĂšne les figures de la sĆur et de la fille incestueuse Ă celle de la mĂšre. Ă une toute autre pĂ©riode et dans un tout autre espace social, on retrouve le mĂȘme processus Ă lâĆuvre câest le footballeur homme qui est censĂ© commettre les actes dâincivilitĂ© et dâagression physique recensĂ©s par lâObservatoire des comportements. Nicolas PĂ©nin, Fatia Terfous et Oumaya Hidri Neys notent ainsi dans leur article que les occurrences de violence fĂ©minine sont dâautant moins relevĂ©es quâelles sont noyĂ©es dans le flot numĂ©rique des cas de violences masculines. Les entretiens avec les responsables des instances de sanction confirment cette interprĂ©tation ils considĂšrent la violence des femmes comme quantitĂ© nĂ©gligeable. Loin de dĂ©couler mĂ©caniquement des faits observĂ©s sur le terrain de jeu, cette minoration de la violence fĂ©minine relĂšve dâune stratĂ©gie de communication pour les clubs, il est important que les footballeuses se distinguent de leurs homologues masculins, physiquement en apparaissant comme des garçons manquĂ©s et en termes de comportement en Ă©tant plus civilisĂ©es ». La violence est enfin dĂ©jouĂ©e par les arbitres qui sifflent davantage par crainte des blessures, optent pour le dialogue, contribuant Ă dĂ©samorcer une partie des violences qui auraient pu avoir lieu. On comprend alors en quoi non seulement la violence des femmes est occultĂ©e mais Ă©galement comment se mettent en place des mĂ©canismes sociaux qui cherchent Ă la prĂ©venir. 37La sous-reprĂ©sentation nâest pas seulement le fait du sous-enregistrement, mais aussi dâune division sexuelle du travail violent qui maintient les stĂ©rĂ©otypes de sexes. Dans ce cas, la violence est reconnue, mais interprĂ©tĂ©e sous le prisme de la domination masculine. Câest ainsi quâune partie des rares cas dâincestes fĂ©minins est au XIXe siĂšcle imputĂ©e au conjoint qui en serait lâinstigateur et qui maintiendrait sa femme en Ă©tat de faiblesse matĂ©rielle et affective, permettant ainsi selon la formule de Fabienne Giuliani de prĂ©server la barriĂšre de lâinstinct maternel. Câest aussi ce quâIsabelle Lacroix montre Ă partir du terrorisme basque qui, certes, connaĂźt une progression du nombre de femmes militantes, mais qui dans le mĂȘme temps, leur rĂ©serve, tout au moins publiquement, le travail du soin, du care des combattants et des prisonniers. Les mĂ©dias tendent aussi Ă maintenir lâimage de militantes continuant Ă mener une vie normale de mĂšre de famille. 38Dans la justice des mineurs sâobserve un autre type de rĂ©cit la psychologisation. VĂ©ronique Blanchard, Ă travers son Ă©tude de dossiers judicaires pendant les Trente Glorieuses montre que certaines de ces jeunes filles ont des comportements jugĂ©s dangereux pour elles et pour les autres, avec de rĂ©elles atteintes aux personnes. Mais [âŠ] ces phĂ©nomĂšnes de violence sont considĂ©rĂ©s comme relevant le plus souvent du soin et non du pĂ©nal. PsychologisĂ©e, la violence fĂ©minine est Ă©galement culturalisĂ©e, les filles dâorigine Ă©trangĂšre faisant lâobjet dâun phĂ©nomĂšne de virilisation. Dans son analyse sur lâobservation mĂ©dico-pĂ©dagogique des jeunes dĂ©linquantes en Belgique 1912-1965, David Niget souligne quant Ă lui que, jusquâau dĂ©but du XXe siĂšcle, si la brutalitĂ© paraĂźt ĂȘtre constitutive dâune masculinitĂ© en construction, la violence des jeunes filles reste impensable, secrĂšte ou symptomatique de leur Ă©tat pathologique. Avec la nouvelle doctrine pĂ©nologique qui prĂ©vaut en Belgique au dĂ©but du siĂšcle dernier et le dĂ©veloppement, au sein de la justice des mineurs, des sciences du psychisme pour Ă©valuer lâĂ©ducabilitĂ© des jeunes dĂ©linquants, on assiste Ă un nouveau type de catĂ©gorisation de la violence fĂ©minine. PensĂ©e du cĂŽtĂ© des troubles du comportement », elle est Ă la fois mise en visibilitĂ© et niĂ©e comme forme dâexpression en tant quâelle est pathologisĂ©e. Quâelle soit banalisĂ©e ou dramatisĂ©e, la mise en forme de la violence fĂ©minine par lâĂ©tiologie mĂ©dicale et psychologique, relĂšvent, dans les institutions dâobservation, dâune nĂ©gation de tout caractĂšre collectif ou social de toute dimension politique de cette rĂ©sistance. Ici, le rĂ©cit psychologisant, voire psychiatrisant, tend Ă dĂ©contextualiser, individualiser et dĂ©politiser la violence exercĂ©e par les filles. 39CĂ©dric Le Bodic prolonge cette analyse en proposant une lecture critique des travaux cliniques et criminologiques des vingt derniĂšres annĂ©es sur la violence sexuelle des femmes lâhomme est posĂ© comme la mesure de toute chose, relĂ©guant dâune part les dĂ©viantes sexuelles au rang de population spĂ©cifique et ancrant dâautre part, les dĂ©viances dans des qualitĂ©s propres Ă chaque sexe. Les auteurs de ces Ă©tudes cliniques en viennent Ă considĂ©rer que les femmes ne peuvent pas ĂȘtre des criminelles sexuelles, Ă moins de se transformer en homme sous lâeffet dâun trouble de lâimage de ce quâest une femme. Ces discours essentialistes permettent de ne pas perturber les stĂ©rĂ©otypes de sexe. 40Soumise Ă davantage dâobstacles organisationnels et symboliques, la violence fĂ©minine nâen est pas moins sanctionnĂ©e. Tel est lâautre point saillant qui Ă©merge des articles de ce numĂ©ro qui porte sur le contrĂŽle social de cette violence. PlutĂŽt que de se poser la question directe dâun traitement plus sĂ©vĂšre ou plus clĂ©ment par rapport aux hommes, impliquant une comparaison dĂ©licate supposant de mettre en relation pour les deux sexes des infractions Ă©quivalentes, accomplies par de acteurs de mĂȘme classe sociale dans des circonstances comparables, les auteurs de ce numĂ©ro ont explorĂ© le cheminement des femmes dans les institutions du contrĂŽle social les femmes violentes suivent-elles les mĂȘmes voies disciplinaires que leurs comparses masculins ? 41Fabienne Giuliani constate Ă ce propos que les femmes incestueuses, ne pouvant ĂȘtre inculpĂ©es pour viol, le sont pour attentat Ă la pudeur ou de complicitĂ© dâattentat Ă la pudeur. VĂ©ronique Blanchard montre quant Ă elle, comment le processus de psychologisation de la violence des mineures conduit Ă une prise en charge au plan civil. A contrario, lorsque lâon pĂ©nĂštre dans la sphĂšre des dangers fĂ©minins » le vagabondage, la prostitution, les mĆurs, les filles peuvent faire lâobjet de mesure de privation de libertĂ©, sans quâaucune infraction nâait Ă©tĂ© commise et reconnue Ce qui lĂ©gitime lâenfermement, câest alors moins la norme pĂ©nale que les stĂ©rĂ©otypes de genre transgressĂ©s par ces jeunes filles et qui obligent les femmes Ă faire preuve de pudeur. LâĂ©tude de David Niget conduit Ă mettre en Ă©vidence lâimportance de la prise en charge psychiatrique imposĂ©e aux jeunes dĂ©linquantes placĂ©es en institution Ă Saint-Gervais institution publique dâobservation situĂ©e prĂšs de Namur, nombreuses sont les filles jugĂ©es violentes ou rebelles » qui font lâobjet de traitements psychotropes et/ou sont enfermĂ©es pour une pĂ©riode plus ou moins longue au pavillon dâisolement ». MĂ©dicalisĂ©, il constitue une vĂ©ritable section disciplinaire. Lâinvention de nouveaux psychotropes sâaccompagne ainsi dâun retour Ă lâordre disciplinaire et Ă une lecture trĂšs dĂ©terministe des troubles du comportement, associant la violence fĂ©minine Ă une corporĂ©itĂ© pathologique. Il y a donc dĂ©placement des frontiĂšres du contrĂŽle social du pĂ©nal vers le civil, de lâĂ©ducation vers la psychiatrie. Se dessinent ainsi des espaces largement sexuĂ©s de prise en charge et de traitement de la violence, qui sâappuient et empruntent Ă des savoirs genrĂ©s. 42Les sanctions diffĂ©rentielles peuvent permettre de rĂ©instaurer lâordre des sexes forts et faibles. Isabelle Lacroix montre ainsi que dans le cas du terrorisme basque, les militantes dâETA tĂ©moignent en plus grand nombre sur les tortures sexuelles subies pendant leurs gardes Ă vue, rĂ©vĂ©lant la rĂ©assignation de ces femmes qui ont transgressĂ© les normes de genre au rang dâobjets de la domination sexuelle masculine. La sanction ne passe du reste pas seulement par les institutions du contrĂŽle social, mais aussi par le traitement mĂ©diatique qui Ă©tablit des portraits de ces femmes terroristes, comme plus froides, plus sanguinaires que les hommes. Dans le cas du football fĂ©minin, Nicolas PĂ©nin, Fatia Terfous et Oumaya Hidri Neys montrent que la sanction des footballeuses violentes passe moins par les instances disciplinaires que par la rumeur et par lâexclusion informelle ou formelle des joueuses incontrĂŽlables, qui nâarrivent pas Ă passer dâun club Ă un autre. 43Quâelle soit euphĂ©misĂ©e ou rĂ©duite Ă des cas exceptionnels, la violence des femmes a nĂ©anmoins bien lieu. Câest en ce sens que les articles de ce recueil abordent la question des bouleversements que provoque lâirruption de la violence fĂ©minine sur les rapports sociaux de sexe. Les femmes violentes sont en effet doublement dĂ©viantes dĂ©viantes par rapport Ă la loi ou aux rĂšglements qui proscrivent lâusage de la violence, dĂ©viantes par rapport aux frontiĂšres de genre quâelles transgressent en usant dâun attribut masculin la violence. Il nâest pas anodin que les Ă©crivains - consacrĂ©s et moins lĂ©gitimes, se soient emparĂ©s de lâinceste fĂ©minin au XIXe siĂšcle. Comme le montre Fabienne Giuliani, il sâagit, certes, de retranscrire le crĂ©puscule humain et la dĂ©cadence de la sociĂ©tĂ© française, mais dans le mĂȘme temps, de donner Ă voir lâĂ©rotisme et la voluptĂ© de femmes initiatrices du dĂ©sir et non seulement passives. Pour David Niget et VĂ©ronique Blanchard, la dĂ©linquance juvĂ©nile de ces jeunes filles de la premiĂšre moitiĂ© du XXe siĂšcle peut ĂȘtre interprĂ©tĂ©e comme lâexpression politique dâune libertĂ© Ă©gale Ă celle des garçons â expression inaudible par les institutions qui les enferment, mais lisible entre les lignes des archives. Isabelle Lacroix montre de la mĂȘme maniĂšre que lâaccĂšs des femmes au rang de membre armĂ© de lâETA dĂ©place les frontiĂšres traditionnelles dâune culture basque qui inscrit les femmes du cĂŽtĂ© des mĂšres de » et des femmes de » et dâune hagiographie militante qui met Ă lâhonneur les hĂ©ros masculins la maternitĂ© ne semble plus comme par le passĂ© constituer un barrage inconditionnel Ă lâactivitĂ© militante. Que lâaccroissement de la fĂ©minisation des rangs guerriers de lâETA tienne Ă la difficultĂ© Ă trouver de nouvelles recrues ou Ă la volontĂ© stratĂ©gique dâadoucir lâimage du groupe terroriste, il ne coĂŻncide cependant pas Ă la fin de la lutte armĂ©e. En dâautres termes, lâarrivĂ©e des femmes nâimplique en aucun cas un virage pacifiste du mouvement, mais bien plutĂŽt un alignement des femmes sur les normes guerriĂšres, marquant quoi quâil en soit la prĂ©dominance du genre viril. Plus encore, la violence des femmes instaure un trouble dans la rĂ©itĂ©ration claire et continue de la diffĂ©rence des sexes. CĂ©dric Le Bodic lâexplique Ă partir de la violence sexuelle exercĂ©e par les femmes, qui surgit comme un ratĂ© » dans la rĂ©pĂ©tition des normes de genre comme celle du fĂ©minin pacifique et du masculin guerrier, ouvrant une brĂšche qui questionne le principe mĂȘme de la binaritĂ© des sexes. CĂ©dric Le Bodic invite Ă considĂ©rer les comportements humains sur le mode de la gamme », plutĂŽt que sur celui des frontiĂšres incommensurables entre les sexes. 44Les contributions de ce volume conduisent enfin Ă poser des questions dâordre mĂ©thodologique comment rendre compte dâun phĂ©nomĂšne marginal ? OccultĂ©es, renvoyĂ©es du cĂŽtĂ© de lâimpensable ou de la pathologie, les violences exercĂ©es par les femmes ne figurent pas toujours dans les archives criminelles, ce qui oblige Ă dĂ©placer la focale de lâanalyse. Ainsi, VĂ©ronique Blanchard a dĂ» exhumer les archives civiles de la justice des mineurs, lĂ oĂč, pour repĂ©rer des cas dâinceste fĂ©minin, Fabienne Giuliani a dĂ» approcher les dossiers de maltraitance » Parler des femmes et de lâinceste oblige lâhistorien Ă multiplier les hypothĂšses de recherche en raison de la raretĂ© des cas qui sâoffrent Ă son regard. Les archives beaucoup trop lacunaires laissent pourtant supposer lâexistence dâun phĂ©nomĂšne bien prĂ©sent tout au long du siĂšcle. 45LâĂ©tude dâun mouvement terroriste encore en activitĂ© et recherchĂ© par la police confronte les chercheurs Ă dâautres problĂšmes dâaccĂšs au terrain. Isabelle Lacroix le souligne Ă plusieurs reprises comment apprĂ©hender clairement lâactuelle division sexuelle du travail, notamment dans les commandos, quand il est impossible de procĂ©der Ă une observation directe ? Les taux dâarrestation et dâemprisonnement fĂ©minin rendent-ils compte de leur part sur le terrain terroriste ou plutĂŽt du processus de sĂ©lection des institutions policiĂšres et judiciaires ? Isabelle Lacroix Ă©voque Ă©galement tous les biais quâimpliquent de passer par des informateurs hommes qui tendent Ă rendre invisibles leurs comparses. 46Lâobservation de pratiques tout Ă fait lĂ©gales, comme les activitĂ©s sportives ne permettent pas nĂ©cessairement davantage dâobservation directe la raretĂ© des agressions physiques rĂ©alisĂ©es par des femmes sur le terrain de football obligerait Ă mettre en place un dispositif dâobservation continue et sur plusieurs annĂ©es pour voir se dessiner des rĂ©gularitĂ©s. DâoĂč lâintĂ©rĂȘt, pour Nicolas PĂ©nin, Fatia Terfous et Oumaya Hidri Neys, de sâappuyer sur les donnĂ©es de lâObservatoire des comportements sur les violences et incivilitĂ©s dans le football, ainsi que sur les feuilles de match », renseignĂ©es par lâarbitre et les procĂšs-verbaux des commissions de discipline. Le croisement de ces sources avec les tĂ©moignages des responsables de ces institutions et des encadrants du football fĂ©minin permet de rendre compte de la maniĂšre dont sâorganise la marginalitĂ© dâun phĂ©nomĂšne dont la raretĂ© nâa rien de naturel ». 47CĂ©dric Le Bodic propose pour sa part dâen finir avec le principe de la comparaison de la criminalitĂ© fĂ©minine et de la criminalitĂ© masculine, qui institue la diffĂ©rence des sexes comme indĂ©passable et incontournable au point de lâontologiser. Reprenant Ă son compte la formule de Pat Carlen selon laquelle la femme criminelle nâexiste pas, il prĂ©conise dâenvisager une criminalitĂ© sans sexe a priori dans laquelle lâappartenance de sexe ne renverrait pas unilatĂ©ralement pour les uns au fĂ©minin et pour les autres au masculin. 48Se dissout alors lâobjet mĂȘme de ce volume qui, dans un horizon queer, ne porterait dĂšs lors plus sur la dualitĂ© du sexe des acteurs de la violence, ni sur les genres fĂ©minins et virils convoquĂ©s dans ce type dâaction, mais sur la violence elle-mĂȘme, qui suivrait dâautres lignes de partage. Ceci nous conduit Ă dĂ©finir la violence avant tout comme un opĂ©rateur de distinction entre des groupes sociaux qui ont le droit lĂ©gal, le pouvoir matĂ©riel et symbolique dâen user et des groupes sociaux qui en sont lĂ©galement, matĂ©riellement et symboliquement dĂ©pourvus.
FrançoiseSagan - "France, mĂšre des arts, des armes et des lois", pourquoi veut-on toujours y brouiller les premiers avec les derniers? de Françoise Sagan issue de Le rĂ©gal des chacals - DĂ©couvrez une collection des meilleures citations sur le thĂšme Françoise Sagan, citations dâune femme libre
PubliĂ© le 4 nov. 2009 Ă 101Les organisations patronales ne se disent pas particuliĂšrement effrayĂ©es par les mesures de rĂ©torsion prĂ©vues dans le collectif budgĂ©taire contre les entreprises impliquĂ©es dans les paradis fiscaux. Pour elles, la vocation du plan est d'inciter les pays non coopĂ©ratifs » Ă rentrer dans le rang, plus qu'Ă entraver le fonctionnement des grands groupes mondiaux. Ces textes ont essentiellement pour finalitĂ© d'inciter les Etats qui n'auraient pas signĂ© d'accords d'Ă©change de renseignements avec la France Ă le faire », confirme Nicolas Jacquot, associĂ© chez Landwell. Le projet de loi, qui tient en trois grands principes dĂ©signation des paradis fiscaux, mesures de rĂ©torsion, obligation de transparence des entreprises, s'inscrit dans la droite ligne des G20 de Pittsburgh et de prioritĂ© la France se donne les moyens de sanctionner des pays qui ne figurent pas sur la liste noire de l'OCDE. Pourquoi une telle prĂ©caution ? C'est qu'Ă terme, la liste de l'OCDE a toutes les chances d'ĂȘtre vierge. Pour en sortir, il suffit de signer des conventions fiscales avec une douzaine de pays, quels qu'ils soient. RĂ©cemment, les paradis fiscaux ont donc signĂ© des conventions entre eux. Le gouvernement espĂšre avoir trouvĂ© la riposte la liste des paradis fiscaux sera actualisĂ©e par arrĂȘtĂ© chaque annĂ©e, le 1er janvier, pour y intĂ©grer les Etats ayant signĂ© une convention fiscale avec la France, mais dont la mise en oeuvre n'a pas permis Ă l'administration d'obtenir les renseignements nĂ©cessaires Ă l'application de la lĂ©gislation fiscale », selon le texte de loi dont Les Echos » ont obtenu copie. Ainsi, la France se donne notamment les moyens de vĂ©rifier, sur le long terme, si la Suisse et le Liechtenstein jouent vraiment le jeu. Contre les particuliers »DeuxiĂšme principe le gouvernement va surtaxer les transactions rĂ©alisĂ©es entre la France et les paradis fiscaux pour inciter les acteurs Ă©conomiques Ă restreindre leurs opĂ©rations avec des juridictions non coopĂ©ratives ». Ainsi, les taux de retenue Ă la source sur les revenus passifs dividendes, intĂ©rĂȘts, redevances seront-ils majorĂ©s Ă 50 % dĂšs lors que les flux bĂ©nĂ©ficient Ă des rĂ©sidents de paradis fiscaux. Aujourd'hui, ils sont compris entre 15 % et 35 %. Les entreprises s'estiment, lĂ encore, peu concernĂ©es C'est une arme contre les particuliers, non contre les entreprises », dĂ©crypte Michel Taly, prĂ©sident de la commission fiscale de l'Institut de l'entreprise, le niveau de taxation prĂ©cĂ©dent Ă©tant dĂ©jĂ rĂ©dhibitoire pour les professionnels. En outre, les dividendes perçus par des sociĂ©tĂ©s en France, et versĂ©s par leurs filiales installĂ©es dans les paradis fiscaux, seront aussi prioritĂ© le gouvernement va renforcer l'obligation de transparence des entreprises internationales et des trusts. C'est le point qui embarrasse le plus les organisations patronales. Les entreprises n'ont pas envie de dĂ©voiler l'ensemble de leur comptabilitĂ© », estime l'un de leurs reprĂ©sentants. Les entitĂ©s françaises devront produire l'ensemble des documents demandĂ©s aux sociĂ©tĂ©s passibles de l'impĂŽt sur les sociĂ©tĂ©s, en particulier ceux justifiant des prix de transfert entre maison mĂšre et affronter la montĂ©e des incertitudes ?Inflation, hausse des taux dâintĂ©rĂȘt, Ukraine et maintenant incertitude politique, les chocs se multiplient. Pour Ă©voluer dans un environnement de plus en plus complexe, lâexpertise de la rĂ©daction des Echos est prĂ©cieuse. Chaque jour, nos enquĂȘtes, analyses, chroniques et Ă©dito accompagnent nos abonnĂ©s, les aident Ă comprendre les changements qui transforment notre monde et les prĂ©parent Ă prendre les meilleures dĂ©couvre les offres
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\n \nfrance mĂšre des arts des armes et des lois
Renaissance belle Ă©poque de lâHistoire de France. Autre poĂšte de la PlĂ©iade, sa cĂ©lĂšbre trilogie « des arts, des armes et des lois » rĂ©sume lâhistoire de cette Ă©poque si riche, si contrastĂ©e : «
France, mĂšre des arts, des armes et des lois, Tu mâas nourri longtemps du lait de ta mamelle Ores, comme un agneau qui sa nourrice appelle, Je remplis de ton nom les antres et les bois. Si tu mâas pour enfant avouĂ© quelquefois, Que ne me rĂ©ponds-tu maintenant, ĂŽ cruelle ? France, France, rĂ©ponds Ă ma triste querelle. Mais nul, sinon Ăcho, ne rĂ©pond Ă ma voix. Entre les loups cruels jâerre parmi la plaine, Je sens venir lâhiver, de qui la froide haleine Dâune tremblante horreur fait hĂ©risser ma peau. Las, tes autres agneaux nâont faute de pĂąture, Ils ne craignent le loup, le vent ni la froidure Si ne suis-je pourtant le pire du troupeau. Johachim Du Bellay, Les Regrets, Paris, 1558
PierreDebray â Maurras et le Fascisme; LâAction française dans la Grande Guerre; Mai 68; Recherche Recherche » France, mĂšre des arts, des armes et des lois « vendredi 5 juillet 2019 lundi 11 aoĂ»t 2014 sur JSF. François Marcilhac vient de publier dans
Un vĂ©ritable "cancer". C'est ainsi que Barack Obama dĂ©crit l'Ătat islamique EI, organisation allant "au-delĂ de tout autre groupe terroriste" connu Ă ce jour, selon le Pentagone. Depuis l'instauration d'un "califat" Ă cheval entre la Syrie et l'Irak, l'EI sĂšme la terreur auprĂšs des minoritĂ©s religieuses des territoires conquis. Or, l'organisation compterait dans ses rangs prĂšs d'un millier de Français, sur les 25 000 combattants au total. De jeunes hommes rĂ©cemment radicalisĂ©s, des femmes, mais aussi de plus en plus de familles, quittant la France pour s'installer dans cet "Ătat" en pleine guerre, oĂč est pratiquĂ©e la charia. Le vous explique pourquoi. Qui sont ces djihadistes français ? Trois types de profils se dĂ©gagent. Tout d'abord celui "classique" des djihadistes purs et durs, qui ont dĂ©jĂ menĂ© leur "guerre sainte" Ă travers le globe Balkans, TchĂ©tchĂ©nie, Afghanistan au cours des annĂ©es 1990 et 2000. Connus des services secrets français, ces islamistes qui ne sont pas passĂ©s Ă l'acte en France, ont profitĂ© de la militarisation du conflit syrien pour poursuivre leur combat "en terre d'Islam". "Leur seul mode d'action politique est la lutte armĂ©e contre l'Occident", explique Romain Caillet, chercheur et consultant sur les questions islamistes au cabinet NGC Consulting. "Ne contrĂŽlant aucun lieu de priĂšre en France, ils se rencontrent dans divers lieux frĂ©quentĂ©s par les sympathisants de la mouvance djihadiste mosquĂ©es, sandwicheries grecques, Internet."Ces radicaux "de la premiĂšre heure" ne sont toutefois plus majoritaires. Le conflit syrien a vu "Ă©clore" un nouveau type de jeunes djihadistes communĂ©ment appelĂ©s "loups solitaires" en France, dont le plus cĂ©lĂšbre est Mehdi Nemmouche. "Pour la plupart, il s'agit de jeunes sans expĂ©rience, radicalisĂ©s depuis peu de temps", affirme Romain Caillet. Et qui sont trĂšs durs Ă repĂ©rer par les services secrets. Certains de ces jeunes ont Ă©tĂ© embrigadĂ©s en prison, oĂč ils Ă©taient incarcĂ©rĂ©s pour des faits de dĂ©linquance. "L'Ă©tat psychologique de ces prisonniers les rend beaucoup plus vulnĂ©rables face aux "groupes de dĂ©tenus supposĂ©ment chargĂ©s de les protĂ©ger", explique Wassim Nasr, journaliste spĂ©cialiste des questions djihadistes Ă France 24 . "Ainsi, ces jeunes se font convaincre que le djihad est la voie la plus courte pour se racheter." Or, Ă en croire Jean-Charles Brisard, consultant international spĂ©cialiste du terrorisme, "la plupart d'entre eux ne connaissent rien Ă la religion, qui n'est qu'un prĂ©texte". Nouveau phĂ©nomĂšne, un nombre croissant de djihadistes partent en famille. Lundi, le procureur de la RĂ©publique de Vienne a rĂ©vĂ©lĂ© qu'un couple isĂ©rois avait quittĂ© la France en aoĂ»t pour la Syrie, en compagnie de ses quatre enfants, un cas loin d'ĂȘtre isolĂ©. Ce "djihad familial", ainsi que l'appelle Wassim Nasr, n'a pas pour but de tuer, mais de "construire un Ătat". "Amener ses enfants avec soi signifie que l'on part en Syrie pour y rester, et y installer ses gĂ©nĂ©rations futures", indique le journaliste. Autre phĂ©nomĂšne, le dĂ©part pour la Syrie de jeunes femmes, parfois mineures, dans le but d'Ă©pouser des combattants. Une motivation idĂ©ologique sans faille, peu importe les risques dus Ă la guerre. Quelles sont leurs filiĂšres ?Tandis que les djihadistes expĂ©rimentĂ©s possĂšdent dĂ©jĂ leurs propres rĂ©seaux efficaces, les apprentis djihadistes jeunes combattants, femmes, et familles entreprennent des dĂ©marches le plus souvent individuelles et peu structurĂ©es. Aucun besoin de prĂȘcheur radical, Internet met ces jeunes en contact avec des djihadistes sur le terrain. "En quelques clics, vous accĂ©dez depuis Youtube au profil de personnes spĂ©cialisĂ©es, qui vous expliquent comment vous y rendre", affirme Jean-Charles Brisard. Pour ce qui est du voyage, il est aujourd'hui trĂšs facile de se rendre en Syrie. En passant par la Turquie, les citoyens français n'ont pas besoin de visa. Sur place, "rien de plus simple que de se rendre Ă Gaziantep, acheter des armes et des munitions, et trouver une puce de tĂ©lĂ©phone afin de contacter quelqu'un de l'autre cĂŽtĂ© de la frontiĂšre", explique Romain Caillet. Le financement est lui aussi individuel. "Parfois, les djihadistes contractent mĂȘme des prĂȘts, et mettent leur argent au service de l'Ătat islamique", souligne le journaliste Wassim Nasr. Pourquoi le djihad ? L'inaction occidentale face aux massacres perpĂ©trĂ©s par Bachar el-Assad contre sa propre population a favorisĂ© le dĂ©part de djihadistes français pour la Syrie. Une guerre "juste" selon ces derniers, d'autant que François Hollande a toujours appelĂ© Ă la chute du "dictateur syrien". "Ces djihadistes ressentent Ă ce sujet un profond sentiment d'injustice", pointe Wassim Nasr. "La majoritĂ© des personnes qui sont parties en Syrie Ă©taient convaincues de s'y rendre pour protĂ©ger femmes et enfants." Or, de retour en France, ces opposants Ă Bachar el-Assad sont arrĂȘtĂ©s pour "terrorisme"... lorsqu'ils sont repĂ©rĂ©s. Un dĂ©bat que rĂ©cuse l'expert Jean-Charles Brisard. "La question a Ă©tĂ© tranchĂ©e par les services judiciaires français", souligne-t-il. "Nous avons des informations prĂ©cises sur les jeunes qui partent en Syrie. Combattre pour l'armĂ©e syrienne libre opposition modĂ©rĂ©e n'est pas la mĂȘme chose que combattre dans des organisations classĂ©es comme terroristes, comme l'Ătat islamique."Le dĂ©part pour la Syrie s'explique Ă©galement par la confessionnalisation du conflit entre chiites et sunnites, une "guerre de religion" savamment entretenue par Bachar el-Assad et son alliĂ© iranien - chiites - tout autant que par les Ătats du Golfe, parrains de l'opposition - sunnite. "Pour les candidats au djihad, la Syrie est devenue un terrain on ne peut plus attrayant au niveau idĂ©ologique", explique Wassim Nasr. "Selon un hadith du prophĂšte, c'est dans la plaine de Dabiq nord d'Alep, dont s'est emparĂ© l'Ătat islamique en Syrie, NDLR, qu'a eu lieu la bataille finale entre les armĂ©es romaines donc occidentales aux yeux des djihadistes, NDLR et musulmanes. De la mĂȘme maniĂšre, le village de Jalalwa qu'a conquis l'EI Ă la frontiĂšre irako-iranienne, NDLR, est le théùtre de la derniĂšre bataille entre les armĂ©es musulmane et perse, qui a conduit Ă la conversion Ă l'islam de ces derniers", poursuit le spĂ©cialiste. "Ainsi, en participant Ă la construction de l'Ătat islamique, ses membres pensent accomplir une prophĂ©tie." Revenir aux prĂ©ceptes originels de l'Islam, telle est l'ambition des familles et quelques femmes françaises ayant rejoint l'EI. "Estimant ne plus pouvoir rester en France en raison notamment des lois sur le port du voile et de la burqa, NDLR, ces Français partent lĂ oĂč ils pensent pouvoir vivre en paix sous la charia", explique Romain Caillet. "Ces personnes souffrent du vide idĂ©ologique rĂ©gnant au sein des sociĂ©tĂ©s occidentales, et choisissent par consĂ©quent l'exode", ajoute Wassim Nasr. Au contraire, certains jeunes combattants partent en Syrie avec la seule idĂ©e de frapper l'Occident. "Ils rejoignent l'EI car ils le considĂšrent comme le groupe le plus violent et le plus pur idĂ©ologiquement", explique Romain Caillet. "Or, au dĂ©part, une grande partie d'entre eux ne faisait mĂȘme pas la distinction entre al-Qaida et l'Ătat islamique, deux groupes dont les objectifs divergent totalement."LIRE aussi notre interview du juge TrĂ©vidic "Ceux qui rentrent sont dĂ©goĂ»tĂ©s par ce qu'ils ont vu"Peuvent-ils frapper en Occident ? Contrairement Ă al-Qaida, dont le but premier est de frapper l'Occident, les intentions de l'Ătat islamique sont avant tout locales. "L'EI souhaite se dĂ©barrasser des monarchies arabes, ainsi que des chiites Iran afin de regagner les lieux saints de l'Islam et construire un Ătat", explique Wassim Nasr. Ă la proclamation de son "califat", Abou Bakr al-Baghdadi, "calife Ibrahim" autodĂ©signĂ©, a exhortĂ© les musulmans du monde entier Ă lui obĂ©ir et venir le rejoindre au coeur de son Ătat. "Il est vrai que le djihad prĂŽnĂ© par l'EI est rĂ©gional, admet l'expert Jean-Charles Brisard. Mais avec un tel vivier de combattants Ă©trangers en son sein, l'Ătat islamique possĂšde une immense capacitĂ© de projection s'il dĂ©cidait d'attaquer l'Occident."Dans aucun discours, le chef de l'EI, Abou Bakr al-Baghdadi, n'appelle ses combattants Ă attaquer l'Occident. "Pour le moment, l'EI ne dispose pas des moyens logistiques et techniques pour frapper efficacement l'Europe", ajoute Wassim Nasr. NĂ©anmoins, le cas Mehdi Nemmouche est lĂ pour rappeler le danger reprĂ©sentĂ© par ses djihadistes de retour en Europe. "L'attaque du MusĂ©e juif de Bruxelles Ă©tait une action dĂ©connectĂ©e de l'organisation", note Jean-Charles Brisard, qui rappelle toutefois que, par le passĂ©, 50 % des Français de retour du djihad se sont ensuite engagĂ©s dans des entreprises terroristes en Europe. Comment lutter contre le flĂ©au djihadiste ?La nouvelle nature de la menace terroriste rend difficile tout contrĂŽle prĂ©alable des apprentis djihadistes, d'autant qu'aucun chiffre exact n'existe sur leur nombre. "Ces jeunes Ă©tant majoritairement inconnus des services, il s'agit essentiellement de renseignements locaux des services dĂ©concentrĂ©s de la DGSI Direction gĂ©nĂ©rale de la sĂ©curitĂ© intĂ©rieure et du SCRT Service central du renseignement territorial visant Ă apprĂ©hender des profils jugĂ©s "Ă risque"", explique Jean-Charles Brisard. Pour mieux apprĂ©hender les dĂ©parts vers la Syrie, le ministre de l'IntĂ©rieur Bernard Cazeneuve a prĂ©sentĂ© un plan anti-djihad et un projet de loi visant notamment Ă criminaliser le projet individuel de djihad. L'initiative, qui doit ĂȘtre discutĂ©e Ă l'AssemblĂ©e nationale Ă la mi-septembre, prĂ©voit une dizaine de mesures comprenant l'interdiction de sortie du territoire pour les candidats au djihad, la privation de passeports de djihadistes avĂ©rĂ©s et le blocage administratif des contenus faisant l'apologie du terrorisme sur Internet. "L'essentiel est d'interpeller ces personnes dĂšs qu'elles Ă©mettent le souhait de partir", poursuit l'expert. "Car, au retour en France, il est dĂ©jĂ trop tard. Ces personnes sont dĂ©jĂ formĂ©es au maniement des armes et des explosifs."
ï»żFrance mĂšre des arts, des armes et des lois, Tu mâas nourri longtemps du lait de ta mamelle : Ores, comme un agneau qui sa nourrice appelle, Je remplis de ton nom les antres et les bois. Si tu mâas pour enfant avouĂ© quelquefois, Que ne me rĂ©ponds-tu maintenant, ĂŽ cruelle ? France, France, rĂ©ponds Ă ma triste querelle.
MariĂ©e Ă Sigebert en 566, la jeune reine, en arrivant en Austrasie, y apporta les idĂ©es dâadministration et dâunitĂ© de pouvoir sur lesquelles sâĂ©tait formĂ© lâempire des Wisigoths ; elle ne trouvait pas de plus belle organisation que celle de cette grande autoritĂ© romaine, dont toutes les parties Ă©taient si rĂ©guliĂšres, oĂč le calme naissait de lâaction respectĂ©e de la loi. DĂšs que son mariage lâeut associĂ©e au gouvernement de lâAustrasie, elle prĂ©tendit rĂ©gner souverainement, faire respecter les lois, y soumettre les grands et les punir sans considĂ©ration de leur rang. La royautĂ© neustrienne, qui avait rĂ©ussi Ă faire prĂ©valoir les traditions romaines dans lâouest, encourageait les efforts de Brunehaut ; elle se voua dĂšs lors Ă cette tĂąche difficile, et, bien que ses dĂ©bats avec FrĂ©dĂ©gonde aient plutĂŽt donnĂ© une longue popularitĂ© Ă son nom, câest dans le gouvernement intĂ©rieur de lâAustrasie que cette grande individualitĂ© de la premiĂšre Ă©poque de notre histoire apparaĂźt dans toute sa force. Ses tentatives de rĂ©forme Ă©chouĂšrent contre les libres habitudes des Austrasiens ; moins mĂȘlĂ©s que les Neustriens Ă la population gallo-romaine, rajeunis constamment pour ainsi dire par le contact des Germains, ils rĂ©sistĂšrent Ă tous les souvenirs du vieil empire, ils rejetĂšrent violemment la civilisation quâon prĂ©tendait leur imposer Brunehaut succomba Ă la fin, mais on nâen doit pas moins admirer lâĂ©tonnante Ă©nergie de ce caractĂšre qui durant cinquante ans, et parfois avec succĂšs, lutta contre lâopposition puissante des Austrasiens. Elle rĂ©ussit dâabord dans ses desseins ; sa grĂące, la supĂ©rioritĂ© de son esprit lui acquirent sur son Ă©poux une influence considĂ©rable La jeune vierge, dit GrĂ©goire de Tours, avait de la noblesse dans ses actions ; elle Ă©tait belle Ă voir, ses maniĂšres respiraient la politesse et la grĂące ; elle Ă©tait bonne pour le conseil, et ses discours charmaient. » Sigebert se laissa surprendre par tant de sĂ©ductions la belle et noble fille du midi domina le barbare ; les lois austrasiennes furent rĂ©formĂ©es, et la peine de mort substituĂ©e Ă lâexpiation pĂ©cuniaire. Pendant neuf annĂ©es, tant que Sigebert exista, lâAustrasie quoiquâavec impatience subit ces rĂ©formes ; mais Ă la mort de celui-ci commença pour Brunehaut une lutte remplie de pĂ©rils et de vicissitudes, les haines longtemps contenues Ă©clatĂšrent avec vĂ©hĂ©mence. DĂšs que Sigebert fut tombĂ© sous les coups de FrĂ©dĂ©gonde, les Austrasiens refusĂšrent de combattre pour lâĂ©trangĂšre ; ils lâabandonnĂšrent en face de ChilpĂ©ric, dont Sigebert avait envahi les possessions. Brunehaut prĂ©fĂ©ra encore le ressentiment de celui-ci Ă la haine de ses leudes ; elle demeura Ă Paris, dâoĂč le roi de Neustrie, nâosant la faire pĂ©rir, lâenvoya prisonniĂšre Ă Rouen tandis que les Austrasiens, enlevant son fils Childebert, Ă peine ĂągĂ© de cinq ans, le ramenaient Ă Metz. Lorsque, aprĂšs son mariage avec MĂ©rovĂ©e, fils de ChilpĂ©ric Ier, Brunehaut sâĂ©chappa de la tour de Rouen et revint en Austrasie, elle y trouva les leudes maĂźtres absolus sous un roi enfant ; elle essaya cependant de ressaisir lâautoritĂ© un parti puissant se forma en sa faveur, mais il fut vaincu ; et comme au moment du combat elle voulait intervenir pour sauver Lupus, duc de Champagne, les grands quâelle avait espĂ©rĂ© soumettre la repoussĂšrent avec dĂ©dain Retire-toi, ĂŽ femme, dirent-ils Ă la reine, si tu ne veux ĂȘtre foulĂ©e aux pieds de nos chevaux ; quâil te suffise dâavoir gouvernĂ© le royaume sous ton mari maintenant câest ton fils qui rĂšgne, et son royaume est sous notre protection. » A la majoritĂ© de Childebert, ou pour mieux dire dĂšs quâil put porter une Ă©pĂ©e et commander par lui-mĂȘme, lâinfluence de Brunehaut reprit son ascendant. Une conspiration des leudes contre Childebert fut dĂ©jouĂ©e, les chefs principaux en furent mis Ă mort, et le roi dâAustrasie reprit une autoritĂ© absolue. Ce fut la pĂ©riode la plus heureuse du gouvernement de Brunehaut ; elle se vit si bien affermie quâĂ la mort de son fils elle resta, sous le nom de ses petits-fils, seule maĂźtresse du pouvoir en Austrasie. Supplice de Brunehaut en 613 Elle Ă©tait alors respectĂ©e des papes, des empereurs, des rois barbares ; obĂ©ie des grands ; elle protĂ©geait les arts, construisait des monastĂšres, rĂ©formait les mĆurs du clergĂ© et correspondait avec le pape GrĂ©goire le Grand, qui, au sujet de la conversion des Anglo-Saxons, Ă laquelle elle avait pris part, lui Ă©crivait LâautoritĂ© doit ĂȘtre basĂ©e sur la justice ; vous tenez inviolablement Ă cette rĂšgle, on le voit Ă la maniĂšre digne dâĂ©loges avec laquelle vous gouvernez tant de peuples divers. Votre zĂšle est ardent, vos Ćuvres prĂ©cieuses, votre Ăąme affermie dans la crainte de Dieu. » Autour de Brunehaut, en mĂȘme temps que les lois sâexĂ©cutaient, les monuments sâĂ©levaient, les routes se traçaient Ă lâimitation des grandes voies romaines ; elle apportait Ă ces travaux une telle ardeur que, de mon temps, Ă©crit Aimoin deux siĂšcles plus tard, on montre encore une foule dâĂ©difices que Brunehaut construits ils existent en si grand nombre et dans toutes les parties de la France que lâon a peine Ă croire quâils soient lâouvrage dâune mĂȘme femme. » Aujourdâhui mĂȘme, en Bourgogne, en Lorraine, en Flandre, on rencontre les restes de plusieurs chaussĂ©es, de quelques Ă©difices que les habitants nomment levĂ©es de Brunehaut, chemins de la Reine, tour de Brunehaut. Le souvenir de la reine dâAustrasie, qui gouverna, on peut le dire, pour assurer les droits des faibles autant que ceux de la royautĂ©, sâest conservĂ© traditionnellement dans le peuple. Ce furent les derniĂšres prospĂ©ritĂ©s de la vie de Brunehaut chassĂ©e dâAustrasie par ThĂ©odebert, son petit-fils, elle est obligĂ©e de se rĂ©fugier auprĂšs du second fils de Childebert, ThĂ©odoric, roi de Bourgogne ; elle lâarme contre son frĂšre. Le roi dâAustrasie vaincu Ă deux grandes batailles, Ă Toul et Ă Tolbiac, est tuĂ© avec ses enfants par le conseil de son aĂŻeule. Brunehaut semble de nouveau triompher ; mais au milieu de ses succĂšs ThĂ©odoric meurt lui-mĂȘme, laissant quatre fils encore enfants Ă la tutelle de la vieille reine. Celle-ci se disposait Ă sâemparer de lâAustrasie et de la Bourgogne et Ă rĂ©tablir, selon lâambition de sa vie entiĂšre, un vaste empire sur le modĂšle de Rome, quand les leudes dâAustrasie crurent arrivĂ©e lâoccasion dâen finir avec leur implacable adversaire. Une ligue se forme ; et Brunehaut, qui marchait avec une armĂ©e de Bourguignons et dâAustrasiens contre Clotaire II, roi de Neustrie depuis 584, lui est livrĂ©e par les siens, comme dĂ©jĂ quarante ans auparavant on lâavait abandonnĂ©e Ă la fureur de ChilpĂ©ric. Brunehaut devant Clotaire II A la vue de lâancienne ennemie de sa mĂšre, le fils de FrĂ©dĂ©gonde sentit sâĂ©veiller en lui une invincible haine ; il accabla dâinjures la reine dâAustrasie, lui reprocha la mort de tous ceux qui sâĂ©taient engagĂ©s Ă diverses Ă©poques dans sa cause, et il condamna Ă un supplice affreux cette femme Ă©nergique qui avait un instant commandĂ© Ă deux royaumes, qui Ă©tait fille, sĆur, Ă©pouse et mĂšre de rois. Pendant deux jours il la fit traverser les rangs de son armĂ©e, honteusement montĂ©e sur un chameau, exposĂ©e aux mĂ©pris et aux rires de ses soldats ; puis, quand la malheureuse reine eut Ă©puisĂ© jusquâĂ la fin cette flĂ©trissante ignominie, le roi la fit attacher par les cheveux, par un bras et par un pied Ă la queue dâun cheval indomptĂ©. BientĂŽt le sang de Brunehaut, ses membres dĂ©chirĂ©s couvrirent lâespace que lâanimal, excitĂ© par le fouet et par les cris des soldats, parcourait dans une course furieuse. Suivant une ancienne tradition, le corps meurtri fut placĂ© sur un monceau de bois auquel on mit le feu ; ensuite on plaça sous le grand autel de lâĂ©glise dâAutun les cendres et les os Ă demi brĂ»lĂ©s quâon avait recueillis sur le bĂ»cher. En 1462 ce tombeau fut couronnĂ© dâune arcade dans lâintĂ©rieur de laquelle on plaça une inscription consacrĂ©e Ă la mĂ©moire de Brunehaut. A la mort de la reine dâAustrasie 613 commence la dĂ©chĂ©ance de la lignĂ©e mĂ©rovingienne, quâelle avait essayĂ© dâaffermir par de grandes institutions ; lâautoritĂ© des maires du palais se substitue au pouvoir royal, et dĂšs lors, dans les luttes de la Neustrie et de lâAustrasie, on voit apparaĂźtre au premier rang les chefs de la dynastie carolingienne. Les Ă©crivains qui ont racontĂ© la vie de Brunehaut obĂ©irent aux ressentiments des Austrasiens, sur qui elle avait prĂ©tendu appesantir le joug de la loi ; sa mĂ©moire fut flĂ©trie dâaccusations odieuses, et lâon plaça longtemps sur la mĂȘme ligne FrĂ©dĂ©gonde et la princesse wisigothe. Sans doute Brunehaut imita souvent les exemples cruels que donnaient les barbares ; mais nĂ©anmoins, par son courage, par lâĂ©nergie de son caractĂšre, par lâĂ©lĂ©vation de son esprit, mĂȘme par sa bonne et sa mauvaise fortune, la fille dâAthanagild reste la plus imposante figure de ce temps.
DUBELLAY : FRANCE, MĂRE DES ARTS, DES ARMES ET DES LOIS => extrait du recueil Les regrets, publiĂ© en 1558. C'est l'un des poĂšmes les plus cĂ©lĂšbres de Joachim du Bellay.
France, mĂšre des arts, des armes et des lois par Joachim du BELLAY France, mĂšre des arts, des armes et des lois, Tu m'as nourri longtemps du lait de ta mamelle Ores, comme un agneau qui sa nourrice appelle, Je remplis de ton nom les antres et les bois. Si tu m'as pour enfant avouĂ© quelquefois, Que ne me rĂ©ponds-tu maintenant, ĂŽ cruelle ? France, France, rĂ©ponds Ă ma triste querelle. Mais nul, sinon Ăcho, ne rĂ©pond Ă ma voix. Entre les loups cruels j'erre parmi la plaine, Je sens venir l'hiver, de qui la froide haleine D'une tremblante horreur fait hĂ©risser ma peau. Las, tes autres agneaux n'ont faute de pĂąture, Ils ne craignent le loup, le vent ni la froidure Si ne suis-je pourtant le pire du troupeau. Extrait du recueil "LES REGRETS", paru en postĂ© le 27/12/09 par Rickways PoĂšte
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